Je vais vous parler en quelques lignes d’un jeu qui a une place particulière. En effet, les expériences y compris ludiques peuvent être liés à des rencontres, à des circonstances particulières. En intégrant l’association dont j’étais alors un insouciant adhérent et que j’ai l’honneur de présider à ce jour, Ad Vitam Rôlistam, près d’Amboise, j’ai eu l’occasion de rencontrer des amis du président de l’époque, aujourd’hui membre d’honneur, Bruno Guérin. Je rappelle que ce dernier est l’auteur d’Antika et Imperator. Parmi ses camarades ludiques, j’ai pu rencontrer des créateurs, des auteurs dont Alexandre, dit Magna Magister, porteur dans ses cartons d’un projet peaufiné depuis des années, un jeu de « super », appelé Versus.
Quelques mots d’abord sur l’auteur.
Alex est un grand collectionneur de JDR (jeu de rôle) et de wargames, un expert qui fait jouer (il est essentiellement maitre de jeu) dans une association de JDR qu’il a créé sur Chalon en Champagne. Il y officie plusieurs fois par semaine, menant plusieurs campagnes de front de manière passionnée. Il est également auteur de scénarios, aides de jeu et relecteur et dorénavant auteur à part entière avec le présent jeu, dans les dernières heures de son financement à l’écriture de ce billet.
Ah oui, il est youtubeur à ses heures perdues… Il présente dans la vidéo ci-contre son jeu en financement. A croire qu’être auteur de JDR rend en quelques sortes super héroïque, à moins qu’il ne parvienne à rallonger le temps dans une journée… Mais j’aurai un jour son secret, je l’aurais !!!
J’ai donc pu avoir la chance de tester ce jeu à plusieurs phases de sa création finale. Ces tests ont permis d’avoir une idée sur l’univers et le système de jeu. Je vais en parler rapidement ici et je renvoie au site scifi-universe qui a fait un article à l’efficacité sans faille sur le sujet. Je ne suis donc pas neutre, mais qui peut prétendre l’être totalement…ce qui veut dire que j’ai souscrit au projet, il n’est donc pas question ici de contrepartie à mon présent avis.
La proposition ludique est la suivante : incarner des méchants. Recrutés et formés par Versus, ces derniers ont pour mission de servir d’altérité aux héros. Dans cet univers, les conflits ont été dantesques jusqu’à l’élimination presque totale des vilains. Seulement, privés de leurs meilleurs ennemis, les parangons et autres surhumains ont commencé à s’ennuyer à en devenir dangereux pour l’humanité. Une solution a été trouvée via cette multinationale qui, dans l’ombre, forme des personnages dotés de super capacités à servir d’utiles adversaires aux demi-dieux désœuvrés.
Si vous vous posez la question, les principales illustrations sont signées par l’illustrateur Gabriel Bulik (notamment illustrateur pour les JDR de Bruno Guérin, CQFD) et une autre partie est générée par l’IA, Midjourney. Rappelons que ce projet est porté par l’auteur qui auto-édite ses produits.
Des règles spécifiques : le Poker Hero

Alexandre a tenu à conserver un système dédié à son jeu, le voulant adapté aux capacités parfois exponentielles des PJ.
Le système fait appel aux classiques D6. Comme dans la plupart des JDR, des dés doivent permettre de venir à bout d’un facteur de difficulté, sauf qu’on va se référer ici à des combinaisons. Je renvoie à l’article cité plus haut qui parvient à vulgariser les règles bien plus aisément que je vais le faire ici.
Tel le poker ou le Yams (oui j’assume ma référence), les associations de dés doivent permettre de constituer des doubles, des triples, des carrées, des doubles, des fulls, des suites. Plus la combinaison est recherchée (et donc difficile à obtenir), plus elle rapporte des points. Aussi, plus le PJ est compétent dans son domaine, plus il pourra effectuer de relances, qui vont forcément l’avantager grandement dans un tel système (stratégie et paris sont forcément au rendez-vous).
La combinaison va impacter non seulement la réussite par rapport au facteur de difficulté mais aussi la valeur de la réussite, car la marge obtenue par rapport au facteur de difficulté va permettre d’obtenir un multiplicateur. Ce multiplicateur viendra déterminer la valeur de l’effet qui peut être extraordinaire.
Évidemment, il faut se fier aux capacités du héros (ou plutôt du méchant) pour lancer les dés. Autre option, dépenser des points d’énergie, équivalents des points de vie, mais à quel prix…
Si vous voulez jeter une œil au livre de découverte, il suffit de cliquer sur le présent lien :
https://online.fliphtml5.com/dstuj/vici/
Un univers porteur et passionnant

Pour avoir donc pu être « playtesteur », j’étais étonné du travail d’écriture sur l’univers.
Tout y est pensé avec une histoire construite avec cohérence et détails, ce qui n’est pas si évident pour un jeu aux aventuriers le plus souvent en slip et tenue moulante. Je ne peux en dire davantage, d’autant que je ne me souviens pas de tout (mais de choses importantes toute de même). Cependant, j’ai pu ressentir, sans avoir lu le contenu, tout le labeur passé à en peaufiner la cosmogonie aux inspirations diverses. L’ensemble n’a rien de manichéen et les nuances de gris le clairsèment pour mieux remettre en question le manichéisme parfois naïf de certains comics.
Comme le rappelle l’article cité plus haut, Suicide Squad et The boys sont des références évidentes. Alexandre cite plus volontiers le comics Kingdom Come. Cet opus, scénarisé par Mark Waid et illustré par le fascinant Alex Ross, nous narre un futur proche dans lequel les grands justiciers de DC Comics ont pris pour la plupart une paisible retraite. Une nouvelle génération de super-héros plus radicale et dangereuse les oblige à sortir de leur retraite. Le tout a fait l’objet d’une réédition récente chez Urban Comics.
Ce qui est rapidement perceptible, c’est que c’est un monde à campagne, avec des possibilités d’investir une ville en mode bac à sable, avec toutes les bases d’une équipe bien rodée, du QG, aux contacts jusqu’aux mauvais coups. Aussi, des événements viennent rapidement bousculer les certitudes des PJ car les supposés « gentils » ont des travers rapidement perceptibles. Le jeu est parfois irrévérencieux mais toujours avec cette logique évidente de ne jouer qu’à un jeu, dont les codes sont acceptés par tous.
Aussi ce monde, au delà des zones d’ombre de ses supers, traine aussi de mystérieux secrets, sur Versus, sur la ville, sur l’origine des pouvoirs, sur le sort de personnages marquants, etc. Bref, c’est un monde dont les campagnes pourraient bien permettre d’en percer quelques arcanes. Et ça tombe bien, deux campagnes sont proposées en option dans le financement participatif sur Gameontabletop.
Avec le temps, je dois avouer que l’histoire et le monde traversé peuvent parfois primer sur les règles du jeu et je suis totalement séduit par cet univers, sombre et réjouissant, quand les héros ne sont pas forcément ceux que l’ont peut croire.
Ah oui, ultime bonus, l’auteur propose d’avoir votre super-vilain dans le catalogue des méchants du jeu si vous souscrivez. Pour en savoir plus, il suffit de cliquer sur l’image ci dessous.

