Inspiration littéraire pour jeux de rôle(s) – L’effondrement de l’Empire / tome 1 : l’interdépendance de John Calzi

Ce premier tome, d’une trilogie intitulée : l’Interdépendance, a obtenu le prix Locus du meilleur roman de science-fiction en 2018 (ce qui s’ajoute aux nombreuses récompenses déjà récoltées par l’auteur américain). Il est édité en France par les éditions de L’Atalante.

Voici venu le jour du changement d’Empereur dans cet univers constitué de 48 systèmes, un millénaire après la colonisation de la galaxie par l’humanité. Mais une ombre semble planer sur cet Empire de l’Interdépendance dont les systèmes sont reliés par le réseau de courants du Flux, un changement majeur est en route !!

J’ai pris un grand plaisir à lire ce roman de science-fiction (SF), source d’inspiration indéniable tant pour le cadre proposé que pour sa galerie de personnages terriblement humains (évidemment il est question des meilleurs et des pires aspects de la nature humaine).

Une des forces de ce bouquin réside dans le style direct de l’auteur mais aussi dans sa capacité en nous mettre en constante situation d’urgence. A chaque chapitre, un événement vient nous donner envie d’aller plus loin. J’ai eu l’impression de dévorer ce roman comme on matte frénétiquement les épisodes d’une bonne série, l’univers se dévoilant, par couches successives, au gré des pérégrinations des acteurs. J’ai véritablement été happé par l’intrigue et séduit par ses protagonistes. Les descriptions sont efficaces, sans fioriture, mais çà fonctionne, notre imaginaire faisant le reste, alimenté par un humour qui fait mouche.

Des personnages clairement inspirants pour tout univers de SF

L’humanité n’est pas toujours décrite sous son meilleur jour dans ce monde où des familles puissantes, régnant sur des guildes marchandes, luttent pour asseoir leur influence commerciale et politique.

Régner sur les systèmes humains incombe à la jeune Cardenia, héritant malgré elle du trône d’Emperox c’est à dire d’Impératrice de l’Interdépendance. Pendant ce temps, Kiva Lagos, armatrice redoutable au caractère bien trempé, achève son voyage pour aller vendre les marchandises dont sa famille à le monopole vers le système du Bout, là même où un scientifique a fait une découverte fondamentale qui pourrait changer la face de ce monde. Pour chacun des protagonistes, aux cœurs des enjeux de pouvoir qui régissent cet Empire, se jouent leurs destins respectifs mais aussi leurs survies et plus généralement l’avenir de l’Empire et de l’humanité.

Je me suis un moment demandé si les personnages qui tiennent les rôles principaux n’étaient un peu caricaturaux. En réalité, l’auteur joue un peu avec notre regard sur ces derniers pour mieux leur apporter ensuite quelques nuances. Les ambivalences ne sont pas flagrantes, mais nous finissons par découvrir que leurs personnalités sont plus nuancées qu’elles en ont l’air (pour la plupart). Surtout, leurs actions sont dictées par leurs ambitions et leurs objectifs qui ne laissent pas toujours la place au doute. En fait, nous voilà avec une galerie de personnages qui semble tout droit sorti d’un jeu de rôle « moderne ». On pourrait y associer des clairs archétypes, avec des politiciens, des scientifiques, mais aussi des profils de commerçants, de soldats voire de contrebandiers, tous ayant des quêtes primordiales à accomplir… De plus, on est loin des clichés des JDR des années 80. Dans le roman de John Scalzi, les femmes sont fortes et au centre du récit.

Un univers sombre et passionnant

Ici, on est loin du fantasme spatio-colonial de multiples planètes accueillantes, à la vie fleurissante. Les planètes habitables sont l’exception. La terre est désormais inaccessible et le seul monde habitable est le Bout, au nom synonyme d’éloignement. Les autres systèmes se sont répartis entre des planètes hostiles – au cœur desquelles des colonies souterraines ont été construites – et des stations spatiales gigantesques.

Si le roman fonctionne, c’est aussi grâce à la conception géopolitique de son univers. En effet, les richesses et ressources y sont réparties entre des guildes et familles dans les différents systèmes, tous liés pour permettre à l’humanité de perdurer et organisés autour du Central, planète au centre du réseau du Flux et siège de l’Emperox. Autre trouvaille novatrice : le Flux, sorte de réseau de couloirs spatiaux permettant le transport à haute vitesse des vaisseaux et donc le voyage spatial à longue distance. C’est ce moyen de transport et de communication qui est au centre de l’organisation de l’Interdépendance.

En conclusion, cet univers m’a semblé cohérent et terriblement humain. En fait, on peut très bien imaginer la possibilité d’un tel type d’organisation, même si on voudrait en savoir plus une fois le bouquin achevé. Je pense qu’on doit s’approcher de cette nécessité de cohérence, de crédibilité lors de la création d’un univers. Autrement dit, il est nécessaire que l’on puisse y croire. Et, à lire John Scalzi, on ne doute pas que l’humanité soit capable de tels choix, au risque de sa propre destruction.

Cette logique de systèmes ayant organisé leur fonctionnement en corrélation avec les autres m’a clairement servi d’idée directrice sur ma campagne en cours. Dans cette série de scénarii basée sur les règles de FACES (à paraître sur le site), certaines figures de cet opus ont également inspiré des personnages pré-tirés et des personnages non joueurs (PNJ). Ajoutons qu’il y a des secrets dans ce roman, notamment sur les origines de ce monde, ce que je vous conseille aussi de concocter si vous créez vous aussi votre Empire galactique.

Dernière source d’inspirations : les illustrations de SPARTH, qui a signé la couverture

Il faut vraiment aller voir son travail, vous y trouverez de quoi illustrer vos parties avec classe.

http://www.sparth.com https://www.artstation.com/sparth

Ayant aperçu ce bouquin dans de nombreuses « piles à lire » de blogueurs talentueux, et ayant rapidement parcouru des critiques enthousiastes, je me suis laissé tenté par ce tome 1 qui donne envie de lire la suite. Je renvoie ici aux critiques en questions :

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